Émilia STÉFANI-LAW

Émilia STÉFANI-LAW,
Paysage ultrasensible

11.09 — 16.11.2025

Vernissage / Opening 11.09.2025 17h

L’exposition Paysage ultrasensible réunit un ensemble de photographies d’Émilia Stéfani-Law tirées de la série Rivages, datant de 2023 et 2024, ainsi qu’une vidéo d’Anatole Mélot réalisée en 2024 et intitulée Coal Mining. Elle interroge la représentation du paysage à travers le regard de deux artistes visuels issus de générations différentes. L’exposition est accompagnée par la parution du livre Rivages d’Émilia Stéfani-Law, accompagnée  d’un texte de l’écrivain et dramaturge Jean-Christophe Bailly.


EN
It is primarily through its visual dimension that we approach the landscape. And yet, whatever its components, it also engages all our other senses. When we begin to consider it through the lens of these other senses, the landscape becomes more intimate—more akin to us. While learning to calibrate distance is certainly essential, we must not hesitate to think of our relationship to the landscape as one of listening and touch. Whether natural, rural, or urban, the landscape is constantly shifting beneath our feet and before our eyes—always singular, complex, and sensitive—ultrasensitive. Jean-Christophe Bailly

Paysage ultrasensible

Textes

Français

  • Émilia Stéfani-Law tire sa matière photographique de sa pratique de la marche, dans des régions aux paysages arides, dénudés et minéraux, où la végétation se fait rare et où affleure la matière brute. Elle affectionne les lieux, loin des circuits balisés et trop fréquentés, où se donne à contempler le façonnage immémorial de la nature par le temps géologique.  

    Dans toute la richesse de leurs détails et la rigueur de leurs cadrages, ses photographies dépassent largement le statut de simples représentations de la nature. Elles sont des compositions d’une grande complexité, à la fois sensibles et rigoureusement documentaires, à propos desquelles l’écrivain et poète Jean-Christophe Bailly écrit : « À certains égards, on pourrait parler d’une approche objective, d’un quasi diagnostic, où chaque cadrage se donne pour tâche de révéler ce qui est, ce qui est là, en le tenant à l’écart de tout aspect de pittoresque ou d’anecdote.

    Cet aspect général, qui implique une certaine austérité, et qui fait de chaque image un relevé, agit, avec la répétition, comme une succession de stases documentaires que l’on se surprend à scruter. Ce que l’on découvre, et qui donne au propos toute son épaisseur, c’est que nous sommes devant une échelle flottante, où les catégories du proche et du lointain, au lieu de se clarifier tranquillement comme devant un horizon qui les rendrait lisibles, superposent leurs effets : à quelle distance sommes-nous de ce monde qui tantôt fait quand même étendue, tantôt semble se recroqueviller dans sa pulsation la plus intime ?

    Si sur certaines de ces images – celles où un peu de ciel a été laissé, celles, plutôt enherbées, où un effet de vallon se maintient –, la référence aux attendus du paysage reste effective, il en est d’autres, et ce sont les plus nombreuses, où la proximité est si grande que l’on a l’impression de passer en rase-mottes au-dessus de la peau de la Terre, jusqu’à en percevoir les moindres rides et les plus légers accidents. »

    À un moment donné, une bascule s’opère : le réalisme cède, le regard se trouble, saturé par l’abondance des informations visuelles et l’absence de repères d’échelle. Le paysage se dématérialise en une masse organique, presque informe. Il devient matière à part entière. Chaque détail retient l’œil comme le ferait une peinture, et semble inviter la main à le toucher, à entrer en contact avec lui, dans une forme d’incarnation haptique, presque communicative. Ce serait comme si la totalité du corps était prête à s’engager, prolongeant l’expérience immersive du randonneur. Le regard plonge et s’enfonce dans la matière de l’image.

English

  • Émilia Stéfani-Law draws her photographic material from walking—specifically through arid, bare, and mineral territories, where vegetation is sparse and the raw material of the land is laid bare. She gravitates toward places far from well-worn paths, where the geological shaping of the landscape over deep time is made visible to the eye.

    Her photographs, rich in detail and precisely composed, transcend the idea of nature as subject matter. They are both sensorial and rigorously documentary. Writer and poet Jean-Christophe Bailly describes them this way: “In some respects, one might speak of an objective approach, a kind of diagnosis, in which each frame sets itself the task of revealing what is — what is there — keeping it at a distance from anything picturesque or anecdotal.

    This general attitude, implying a certain austerity and turning each image into a kind of survey, works—through repetition—as a series of documentary stases that one finds oneself scrutinizing. What emerges, giving the work its full depth, is that we are faced with a floating scale, where the categories of near and far, instead of clarifying before a readable horizon, overlap in their effects: how far are we from this world that sometimes appears as an expanse, and at other times seems to shrink into its most intimate pulsation? If in some images—those with a glimpse of sky, or where a grassy hollow suggests a valley—the expected codes of landscape remain intact, there are others—by far the most numerous—where the proximity is so intense one feels they’re skimming low over the skin of the Earth, catching even its tiniest creases and subtlest irregularities.”

    At a certain point, realism seems to give way: the eye becomes overwhelmed by the abundance of visual information and the loss of scale. The landscape dematerializes into an organic, almost formless mass. It becomes pure matter. Every detail grips the eye like a painting, inviting the hand to reach out and touch—a haptic, almost communicative incarnation. As if the whole body were ready to engage, extending the immersive experience of the solitary walker. The gaze dives into the very substance of the image.

Articles de presse

Biographie

Le travail d'Émilia Stéfani-Law explore la représentation contemporaine du paysage à travers une approche sensorielle et immersive. En capturant la matière brute de territoires arides et minéraux, ses photographies transcendent le simple document pour révéler la pulsation intime de la Terre. Ses images, caractérisées par une échelle flottante et une absence de repères, oscillent entre relevé topographique et abstraction, invitant le spectateur à une expérience à la fois haptique et contemplative.

Son œuvre interroge à la fois des héritages visuels et des enjeux environnementaux par un regard qui se refuse à toute domination, préférant une immersion sensible dans les strates du réel.

Une pratique ancrée dans la marche, le dépouillement et une attention rigoureuse à la composition.

www.emiliastefanilaw.be

  • Émilia Stéfani-Law's work explores the contemporary representation of landscape through a sensory and immersive approach. By capturing the raw matter of arid and mineral territories, her photographs transcend mere documentation to reveal the intimate pulse of the Earth. Her images, characterized by a floating scale and a lack of points of reference, oscillate between topographical survey and abstraction, inviting the viewer into a simultaneously haptic and contemplative experience.

    Her work interrogates both visual heritage and environmental issues through a gaze that refuses all domination, preferring a sensitive immersion into the strata of the real.


    A practice grounded in walking, minimalism, and a rigorous attention to composition.

  • (PARIS 1979) LIVES AND WORKS IN BRUSSEL.


    EXHIBITIONS

    2021 Une bibliothèque photographique, Espace André Chedid,

             Issy-les-moulineaux (F)

             Raconte moi Boch, Musée Keramis, La Louvière (B)

    2019 Affleuré, galerie La Part du Feu, Bruxelles (B)

    2018  Tournfluß VIII, Bruxelles (B)

    2015  La mue, Contretype, Bruxelles (B)

    2015  Venir Voir, Le Botanique, Angles Vifs / Yellow now, Bruxelles (B)

    2013  Le refuge, La Part du Feu, Bruxelles (B)

    2012  Rien de plus, rien de moins, avec O. Cornil, Contretype (B)

    2011  Propositions d'artistes, Contretype, Bruxelles (B)

    2011  Utopie(s), Biennale de photographie en Condroz, Marchin (B)

    2010  Littoral, Centre Culturel Jacques Franck, Bruxelles (B)

    2010  Entre chiens et loups, Centre Culturel Markten, Bruxelles (B)

    2008  In Focus, International Photography Festival, Vilnius (L)

    2006  Issues, Neï Liicht centre d'art du Luxembourg, Dudelange (L)

     

    PUBLICATIONS

    2025  Rivages, coédition Contretype / Galerie La Part du Feu

    2021 Les carnets du paysage, n°38, entretien avec Marcelline Delbecq

    2019  Affleuré, auto-édition, avec le soutien de la fédération Wallonie Bruxelles

    2018  Une longue peine, Edition La passe du vent (Lyon)

    2015  Big Big Wednesday, Portland, Oregon (E.U)

    2014  Le refuge / White days, Yellow Now (B)

    2010  La selec' n° 13, la médiathèque de Bruxelles (B)

     

    FORMATION

    Philosophie Université Paris Nanterre, Master en cours (F)

    2018 / 2019 Atelier des écritures contemporaines, La Cambre, Bruxelles (B)

    1999 / 2002  Photographie ESAV le 75, Bruxelles (B)